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Le tableau noir était vert!

30 avril 2011

Mesures: loto des heures

Catégorie: Ressources pédagogiques cycle 3

Du coup je me suis rendue compte que je n'avais pas mis en ligne mon autre jeu de loto, celui sur la lecture de l'heure! Mais bon pour celui là, il vous faudra un peu plus de travail car moi j'avais déjà à l'école des petites cartes avec des horloges dessinées dessus. C'est ce qui m'a donné l'idée de créer ce jeu pour utiliser ses cartes. Voici le résultats:

loto_des_heures

En espérant que ça vous servira quand même!

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30 avril 2011

Géographie: Loto des drapeaux de l'UE

Catégorie: Ressources Pédagogiques Cycle 3

Pour mes loulous, j'ai concocté un jeu de loto des drapeaux de l'Union Européenne, les miens y jouent dans le cadre de leur plan de travail, mais ça peut servir pour des ateliers, ou même en activité d'attente.

loto_des_drapeaux

Il y a les planches de jeux, les petits pions pour placer sur les planches et les cartes à piocher. N'hésitez pas à me dire s'il y a un bug, ou une erreur dans le jeu.

A vos plastifieuses!

30 avril 2011

Survivor

Catégorie: Le plus beau métier du monde

Non je ne suis pas morte dévorée par mes élèves, mais on en n'est pas loin.

J'avais prévu que cette année serait sportive, pas que ça serait l'antichambre de l'asile. Chaque jour terminée sans crise de nerf est une victoire. Je suis sur le qui-vive non-stop toute la journée, mais pas genre comme si j'avais 23 gamins à surveiller, plutôt genre comme si j'avais je jonglais avec des grenades.

Je savais. je savais que ça serait difficile, je connaissais les énergues humaines que j'allais devoir coacher, mais à ce point là, j'avais même pas imaginé. Le travail est laborieux, ils ne sont motivés par rien, sauf par les discussions sur leurs petites vies. Rien ne les intéresse malgré tous les projets mis en place et toutes les propositions que je peux leur faire, tout le mal que je me donne pour rendre les apprentissages dynamiques, intéractifs, originaux, et surtout accessibles! Mes efforts ne sont récompensés que par des grognements, et des chahuts et bavardages en tout genre, à toute heure. C'est à tel point que certaines activités ont carrément été réduites, voire supprimées, pour cause de trop d'investissement pour quasiment aucun rendu, ou carrément un effet poltergeist. Terminé les séances d'informatiques (où les élèves qui ne sont pas dans le groupe sur les ordis deviennent infectes), rare les séances de sport (où je dois hurler comme une aliénée pour donner la moindre consigne), rare les manipulations de sciences (qui virent souvent à la catastrophe), et j'en passe. Certains se diront que je suis une maîtresse totalement dépassée par ses élèves, et à ceux là je répondrais que mon dépassement n'est pas du à ma capacité de gestion d'une classe (non car si j'étais incapable de gérer cette classe, croyez moi, il s'y serait déroulé des évènements graves depuis longtemps!) mais plutôt au fait que nous n'avons que très peu d'outils face à des élèves perturbateurs: comment faire par exemple avec un enfant colérique dont les parents sont au courant mais totalement dépassé, pour qui le psy scolaire a dit que tout allait bien, que les punitions en tout genre laissent froid? Je fais quoi? Et ben je limite la casse, avec beaucoup de psychologie, d'anticipation, de sang-froid et une bonne gueulante de temps en temps. Est-ce que ça règle le problème et l'empêche de perturber la classe. Non. Et je précise que ce n'est pas le seul élève de ce genre là dans ma classe cette année hein... donc j'ai du prendre des mesures drastiques, en faisant bien attention de ne pas appauvrir de trop les apprentissages, tout un programme - vous saisissez le jeu de mot savant là? Ouais.

Donc j'ai eu un passage trèèèèès difficile en janvier, arrêtée plusieurs jours tellement j'en pouvais plus. Les élèves ne sont pas les seuls responsables, j'ai la malchance cette année d'avoir des collègues avec lesquels je n'ai pas d'atomes crochus, autant dire des collègues pénibles. Le côté dépressif de Sid ne s'est pas arrangé suite à son inspection assez foireuse dont il est ressorti encore plus paranoïaque et hésitant qu'avant. Le côté caporal de Mme Mim lui, est exacerbé par une inspection brillante et la fin d'année approchant: inscriptions, passages, diverses réunions et conseils, c'est la reine du palais. Moi au milieu, je turbine comme une folle: je n'ai même plus le temps de manger à midi, j'avale juste une banane entre deux préparations - faut dire aussi que l'éduc nat ne prenant plus en charge sa part dans notre déjeuner, je n'ai plus les moyens de manger à la cantine, mais bon je dis ça je dis rien.

Le pompon dans tout ça a été la conversation que Mme Mim m'a imposée un peu avant les vacances d'Avril: me prenant à part un vendredi soir, elle me l'a joué "amie-amie" du genre je te le dis mais c'est pour toi hein. En subtance: elle me trouve fatiguée, elle voit bien que cette année je galère, j'arrive en retard le matin, j'ai été beaucoup et souvent arrêtée - oh ouais mazette, juste 15 jours d'afilés en janvier pour cause de début de dépression et 3 jours ponctuels ça et là depuis le début de l'année, mais bon c'est vrai qu'elle elle n'est jamais malade donc... -, je traine la patte pour participer au formation enfin bref, son conseil c'était que je devrais demander de l'aide, qu'elle était là pour ça, et que je devais peut être songer surtout à changer d'école, voire à changer de métier.

Pardon?!...

Sur le coup - la fatigue de la semaine aidant - j'en suis restée coite. Ensuite, j'ai enragée. Je la trouve gonflée de ramener sa science alors qu'elle ne m'a jamais proposé d'aide quand j'en avais besoin et que pire que ça, elle a fait la sourde oreille systématiquement quand j'ai demandé à être épaulée un peu, notamment avec mon élève primo-arrivante. Bref, je ne suis pas stupide, je sais bien que le but de la manoeuvre n'est pas du tout de me rendre service, mais bien de me faire débarrasser le plancher, vu qu'elle m'apprécie tout autant que moi je l'apprécie. Elle aurait voulu m'entendre dire que finalement je participais au mouvement cette année, et que je comptais m'en aller.

Sauf que je n'ai pas dit mon dernier mot, et bien loin de m'achever ou de me faire fuir, je suis plutôt du genre àchopper la force de me relever si on me file des coups de pied à terre.

Finalement donc, elle m'a rendu service avec cette conversation désobligeante, car depuis j'ai fait le point et repris du poil de la bête, et remis de l'ordre dans tout ce bazar: j'arrive en avance, je me sappe correctement - à savoir comme elle n'aime pas car je suis du genre correct mais un poil excentrique - je tiens mes élèves mieux que jamais, j'ai la pêche et le sourire - elle qui me trouvait "fatiguée et pas motivée" - et je tourne au taquet toute la journée! Et bien sûr,je n'ai pas participé au mouvement!

Elle par contre, et Sid aussi, ont tous les deux fait de voeux pour changer de poste. Reste qu'ils ne seront peut être pas exhaussés... je vais faire une grosse prière je vous le dis!

Et maintenant, y'a plus qu'à survivre jusqu'en juillet, soit 10 semaines d'affilé!

Je peux vous dire que c'est au jour le jour.

1 janvier 2011

Tirez pas sur l'ambulance

Catégorie: le plus beau métier du monde

Quelques nouvelles de ma petite primo-arrivante - d'ailleurs il paraît qu'on dit plus comme ça maintenant? - débarquée début novembre.

Et bien tout d'abord, je sais pas si je le dis parce que je voudrais pas me porter la poisse... bon aller hop: normalement elle ne sera plus là à la rentrée pour cause de déménagement. Ce qui franchement m'arrange bien, et je vous le dis je voudrais pas me porter la poisse en criant victoire trop vite. Je m'explique.

Je gère déjà un double niveau, avec des élèves d'une grande hétérogénéité, puisque j'ai tout le panel possible depuis l'élève surdoué - qui sont d'ailleurs deux - jusqu'aux élèves à peine lecteur - en cm1 c'est problématique, en passant par les élèves agressifs et perturbateurs. Bref, déjà beaucoup de travail au programme. Alors me retrouver à devoir en plus préparer des séances individuelles pour une élève non-francophone - aussi motivée et adorable soit-elle, faut pas déconner, c'est pas raisonnablement possible.

Je me suis donc retrouvée à faire comme je pouvais, à savoir selon moi largement pas assez pour S., cette gamine adorable qui aurait mérité tellement plus. Les collègues n'ont été d'aucun secours, tout le monde trouvant ça alternativement très exotique ou très vache, mais à part les commentaires désolés ou amusés, rien d'autre n'est venu. De la hiérarchie, comment vous dire... pas grand chose. De vagues conseils, beaucoup de documentation à lire, mais rien d'autre. Le plus vexant et déstabilisant, c'est surtout qu'on vous sous-entend que ça fait parti du job, que c'est tout à fait normal et qu'on voit pas où est le problème. Oh ben tiens... On peut aussi décider de carrément supprimer les classes de CLIN tant qu'on y est hein non? Ouais je le dis pas trop fort, ils seraient capable de le faire ces cons.

Enfin bref, la gamine n'a pas fait beaucoup de progrès à mon sens. Les débuts avaient été fulgurants, et puis tout s'est arrêté net. Elle a commencé à rechigner devant le travail, à tricher même, et moi déjà pas mal dépassée faut dire que ça m'a pas donné envie d'en faire plus. J'ai surtout essayé un maximum de l'intégrer à la vie de la classe, de lui faire faire tout ce qu'il était possible avec les autres élèves - calcul mental, certains exos de maths, les expériences de sciences, etc..., arts visuels et le sport bien sûr - en me disant que de toute façon elle apprendrait plus vite avec ses pairs. Le soucis étant principalement que je l'impressionne je crois - malgré tous mes efforts pour établir la confiance - et qu'elle n'ose pas vraiment communiquer avec moi. Elle a pris l'habitude en classe de demander à ses camarades qui se chargent de me relayer ses questions. Du coup ça complique encore un peu, et je dois dire que c'est assez déséspérant et source de questionnements sans fin.

Autant dire que je ne garderai pas de tout ça un bon souvenir, loin de là. Ma gestion de classe a été littéralement atomisée, nous faisant accumuler un retard impressionnant qu'il va maintenant falloir rattraper, et pire, installant dans la classe une mauvaise ambiance - pas que la petite S. se soit mal intégrée bien au contraire! mais elle a occasionné tellement de petits changements, tellements d'appartés tout le temps, que tous les autres ont cru que c'était la fête du slip! - ce qui m'a obligée à sévir au dernier degrés pour ramener un peu de sérieux. Chose que j'ai détesté faire.

Certes, c'est une expérience de plus à mon arc, mais j'en ai bavé question surbooking. Et encore... j'ai eu la chance d'accueillir S., petite fille intelligente et sociable, pleine d'énergie, qui a su très vite se faire apprécier de tous ses camarades, et de moi malgré tout, car je le précise bien, elle a été adorable et bluffante d'aisance dans ce moment de sa vie si intense et déstabilisant, et ce n'est nullement elle qui me laissera un si mauvais ressenti: juste, encore une fois, les conditions excécrables dans lesquelles nous sommes obligés d'exercer notre métier. 

4 octobre 2010

Le cirque du soleil bis

Catégorie: Le plus beau métier du monde

Ah ouais et pour continuer dans le même esprit que le post précédant, et bien demain j'accueille dans ma classe une petite fille "primo-arrivante" autrement dit une élève étrangère qui ne cause pas un mot de français. Pourtant elle va être intégré en CM2 comme si de rien n'était.

Et pour seul aide, pour le moment, l'inspection nous a juste communiqué un vague site internet où je peux télécharger des évaluations dans sa langue natale.

Le reste... et ben à moi de me démerder quoi.

Comme d'habitude.

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4 octobre 2010

Le cirque du soleil

Catégorie: Le plus beau métier du monde

Vu au journal tv de France 2 ce soir: il y a maintenant des cours de remise à niveau en orthographe proposés à l'université car les copies des étudiants seraient tout simplement affligeantes...

Ah ben merde, c'est vrai que j'avais totalement oublié que mes élèves sont sensés acquérir les bases de l'orthographe et de la langue française, mais nous sommes tellement occupés à faire de l'histoire, du sport, de l'histoire des arts, du chant, de la littérature, des sciences, de l'anglais, de la sculpture, du dessin, de la pratique instrumentale, de la géographie, des débats, de l'éducation civique.

Faut pas déconner hein... si en plus faut rajouter l'orthographe!

...

Non mais sans rire, ils se rendent pas compte qu'on marche sur la tête?

30 septembre 2010

Next level

Catégorie: La vie de la maîtresse

Ma rentrée s'est bien passée, mon début d'année est sportif, le reste de l'année le sera sans doute aussi, mais beaucoup moins que ce que je craignais... quoi que, il est toujours temps que ça dégénère!

En fait j'ai une classe difficile, avec des élèves de CM2 qui sont loin d'être des lumières, et qui ont visiblement choisi option mollusque pour commencer leur année, et des élèves de CM1 qui sont plutôt doués mais parmi lesquels je compte des spécimens bien gratinés question discipline. En gros, je jongle entre des mous, des ahuris, des pénibles et des super pénibles. L'ambiance de classe? Disons que je les surveille comme le lait sur le feu. Je passe donc mes journées à visser, à rembarrer, à parlementer, à expliquer, à demander, une fois, deux fois, dix fois, et à punir, punir, punir, punir et punir, avec humour. Je dégaine les lignes plus vite que mon ombre, et même les mollusques ont l'air de commencer à comprendre que cette année va falloir filer droit. La maîtresse elle est cool, mais on lui fait pas.

Cette situation m'aurait totalement dépassée il y a quelques temps encore, mais étonnement je le vis très bien, je gère au jour le jour et j'y trouve mon compte. Je trouve même mes journées avec eux plutôt agréables! On avance mieux, faut dire que je prends le temps et que j'ai tout simplifié un max. Du coup les élèves s'y retrouvent aussi: ils semblent mieux engranger les connaissances, être moins perdus et moins passifs. J'ai mis l'accent sur les corrections, ce qui me permet également d'arriver à corriger tout leur travail dans les temps. J'arrive à percevoir les possibilités de chacun, même si elles ne sont pas énormes, pour chaque élèves j'entrevois une marge de progression.

Bref, pour l'instant dans ma classe c'est un vrai bonheur, un bonheur qui se gagne certes, un bonheur fragile que je surveille et que je cultive, mais un bonheur quand même. Là où ça craint du boudin, c'est avec mes collègues. Oh punaise...

Pour faire court, je suis coincée entre une cul-serrée qui se prend pour le caporal chef et un dépressif en perdition. Sid est totalement paumé avec ses élèves, il ne s'attendait pas à avoir des élèves en difficulté, visiblement il n'a été confronté jusque là qu'à l'archétype standard de l'élève moyen, voire du bon élève... sauf que là sa classe est gratinée. Et lui et ben... en fait je sais pas. Soit il est pas débrouillard, soit il est trop pessimiste et trop dur avec lui même... de loin ça donne surtout l'impression qu'il est pas doué! Il pose des questions bizarres, des trucs qu'il devrait savoir, ou savoir faire, même en étant débutant. Il a l'air totalement paumé! Difficile de l'aider, j'ai tenté de discuter un peu avec lui, mais il ne discute pas vraiment, et puis je ne peux pas tenir la classe à sa place! Du coup j'ai l'impression de le voir se tasser un peu plus chaque jour. Sans savoir jusqu'où ça va aller. J'ai essayé de lui faire comprendre que dans ce métier il fallait accepter de faire des concessions, qu'on devait composer avec les élèves et que souvent on ne peut pas aller au delà d'un certain point, que l'important c'est de faire de son mieux ce qu'il est possible de faire, d'être conscient que ce n'est pas suffisant, et d'améliorer au fur à mesure ce qu'on peut améliorer... mais je n'ai pas l'impression que le message passe. Il a des allures de Caliméro. Pfff...

Madame Mim elle, je vais finir par me la choper. Elle me porte tranquillement sur les nerfs, avec des idées à la con et une ligne de conduite qui pourrait s'intituler "amen monsieur l'inspecteur". Tout un programme. Elle s'imagine avoir je ne sais quel pouvoir sous prétexte qu'elle occupe le poste de direction, se comporte en petit chefaillon qui tournicote dans sa guérite. J'ai qu'une envie: dynamiter la guérite. Avec elle dedans. Je pense que je vais plutôt opter pour le mépris, c'est une arme tout aussi efficace. Autant vous dire que les récrés sont passionantes, excitantes, divertissantes... Imaginez-donc: vagues commentaires sur les enfants que l'on surveille, vagues commentaire sur ce qui s'est passé en classe... Vague propos à la fois politiquement corrects et poliments neutres. Vague rien quoi. Je risque pas de mourir de rire cette année. Et le pire, c'est qu'ils envisagent de rester tous les deux l'année prochaine. Mais j'ai offensé le dieu de l'éducation nationale dans une vie antérieure ou quoi???

Enfin bref, l'important étant quand même mes élèves, je m'en sors pas mal, et j'ai l'impression que cette année va être sympa. J'ai l'impression d'y avoir plein de challenge, plein de possibilité avec eux. Le reste, je m'en cogne, comme on dit: ça me passera avant que ça me reprenne!

Et quand j'y réfléchis je me dis que sans doute ce qui change cette année, c'est bien cette confiance toute nouvelle, celle qui est nécessaire je pense pour avancer sereinement avec ses élèves, celle qui permet de tenir tête à certains parents, d'en rassurer d'autres, celle qui permet de ne pas être désarçonner face aux difficultés des élèves, à leurs besoins, à leurs attentes, celle qui me dit que je suis une bonne enseignante, tout simplement. Je me souviens de cette image que j'avais choisi pour illustrer le choc du métier, à l'époque où déjà je sentais le bénéfice inimaginable de l'expérience dans notre métier. Aujourd'hui où je n'ai quasiment rien préparé avant la rentrée, où j'attends les vacances de la Toussaints pour pondre quelques programmations, je réalise que l'une des meilleures sangles qui soient, celles qui vous vissent à votre siège de maîtresse et empêche quiconque ou quoi que ce soit de vous expédier dans les cordes, ko et dégoûté, c'est encore la confiance. Celle que vous avez en vous et en vos qualité de profs.

Celle que j'ai en moi. Pourvu que ça dure.

27 juillet 2010

Crache le morceaux!

Catégorie: La Vie de la Maîtresse

Gros silence ces derniers mois. Je suis assez parano, j'ai peur d'être reconnue si j'évoque ici les faits et les situations très particulières qui se déroulent dans ma petite école. D'un autre côté j'en meurre d'envie. Allez merde, si je suis reconnu, ben j'assumerai les quelques méchancetés que j'aurai pu disséminer à droite à gauche. Les quelques vérités aussi.

Cette année j'en ai bavé avec mes deux collègues. Je vais les baptisé de suite vu que je ne l'ai jamais fait. Descriptions rapides.

La première est assez jeune, la petite vingtaine, grande perche maigrichonne au genre snob et intello monté sur manche à balai, genre gauche voire un peu nunuche parfois, ou carrément gamine. Psychorigide au possible, disant amen au moindre bruit de cloches émanant de l'inspection et ravie d'occuper l'éminant poste de directrice. Hyper pointilleuse dans son boulot. Je la baptise Madame Mim. C'est la sorcière dans Merlin l'Enchanteur de Disney, et je trouve qu'elle est particulièrement ressemblante quand elle est sous la forme de ce crétin de dragon. C'est aussi très ressemblant pour ce qui est de changer de forme en fonction de ce qui l'arrange, et pour le feeling qu'elle m'inspire: pas confiance.

La deuxième est un peu plus agé mais à peine, la bonne vingtaine, tout aussi snob que la première, question d'éducation et de milieu socio-culturel. Elle plane à deux mille, très tête en l'air, mais hypra organisée dans son boulot, jusqu'à en filer des complexes à un instit de 20 ans de carrière. Plutôt détachée, facile quand on plane à deux mille hein. Assez branchée mode, collectionneuse de chaussures. Je la baptise Velma, l'intello de la bande à Scoubi Doo, celle qui perd toujours ses lunettes mais qui cogite bien carré. Très ressemblant.

J'ai donc passé l'année avec Madame Mim et Velma. Deux bourgeoises de la gran-ville. Pour faire court: elles se sont très très bien entendues toute les deux, et je me suis tout simplement retrouvée à l'écart, cataloguée comme la vieille râleuse à priori. La solitude est d'autant plus lourde à porter quand on est la troisième patte du canard. Elles ont fait beaucoup de chose ensemble, échanger en permanence toutes les deux mais rarement avec moi, je parlais dans le vide en permanance, et je me suis retrouvée à devoir m'intégrer alors que j'étais dans cette école depuis 4 ans déjà, intégration sans grand succès d'ailleurs. On aurait dit que c'était moi qui débarquait. Pénible, vexant, contrariant, et j'en passe.

Au final, après une année pénible pour moi, Velma a demandé et obtenu un poste plus près de chez elle et dégage. Ouf. Quoi que des deux ce ne fut pas la pire. Et justement. Madame Mim elle, a redemandé son poste. Mais ne l'a pas obtenu. Sauf que par un mic mac d'enfer - accord entre collègues, entretien avec l'inspecteur et lettre appuyée au rectorat - elle va peut être quand même récupérer son poste. Arg. Verdict le 27 août. Jusque là je ne peux que croiser les doigts pour que cette demande soit refusée et que je n'ai pas à supporter Madame Mim une année de plus. Quand au poste de Velma il a été obtenu par un gars... enfin un collègue mâle! Et puisque j'en suis aux baptême, profitons en!

Il est assez bizarre de prime abord, j'ai même dit des choses affreuses à son sujet à mon entourage. Mais passé la première et très mauvaise impression, il est plutôt sympa. Assez cool, peu sûr de lui et donc assez gauche et plutôt sur ses gardes, il essaye d'emballer tout ça avec humour... humour que je trouve assez amusant à vrai dire, même s'il est parfois à la limite d'être lourd. Il a un physique peu engageant il est vrai, et ça doit expliquer en partie son attitude parfois étrange, méfiante, qui tente de faire bonne figure. Malgré ça, il a une vraie ouverture d'esprit et une vraie réfléxion, de ces gens qui écoutent les autres, honnêtement et sans prétention. Et ça me change! Je retrouve un peu de cette honnêteté, de cette simplicité qu'il y a chez Piverte et que j'apprécie tant. Tout ça présage du meilleur, mais j'attends de voir pour y croire. Enfin bon, je le baptise Sid, l'éternel bavard maladroit mais attachant de l'Age de Glace. Ca lui ira très bien.

Ceci étant dit, cette année là est finie et bien finie, et même si j'aurai sans doute deux ou trois choses à en dire encore, je pense déjà à la nouvelle année qui se profile à l'horizon et qui s'annonce agitée, car je récupère des élèves difficiles et des parents pas commodes. Je m'en suis bien sortie jusque là, pourvu que ça continue!

Pour l'heure, après un début d'été studieux, je viens de m'octroyer 15 jours de vraies vacances avant de reprendre le collier mi août... vive les vacances! 

20 avril 2010

Pleure pas la bouche pleine!

Catégorie: Le plus beau métier du monde

Suite à ce post de Mam'zelle Titane, j'ai réalisé à quel point la gestion de ma classe est une anecdote.

Je m'explique.

Depuis quelques semaines, je me plains à qui veut l'entendre que mes élèves sont in-su-ppor-tables. J'ai du tout simplement supprimer mon système de permis à points qui ne les impressionner plus du tout pour le remplacer par un système de le-permier-qui-bouge-une-oreille-de-travers-je-lui-colle-des-lignes... beaucoup plus efficace en fait. Primaire, mais efficace. Je me bas à longueur de journées contre les bavardages... car mes élèves ont pris la facheuse habitude de faire leurs vies en classe, tranquillement. Et quand je raconte ça, j'en parle comme si c'était la fin du monde, comme si ma classe était la plus affreuse du monde, avec une voix d'hystérique désespérée.

Sauf qu'en lisant ce post, j'ai réalisé qu'aucun élève ne s'était jamais permis de me dire qu'il ne ferait pas ses lignes, ou qu'il ne finirait pas son travail. Quand je les mets à la porte, ils ne la claquent pas. Aucun élève n'a jamais hurlé d'insultes dans ma classe. On pourrait penser que je suis une veinarde. Et dans un sens, c'est vrai. Je suis une veinarde. Pas parce que tous mes élèves sont des gentils, loin de là. J'ai d'ailleurs appris juste avant les vacances qu'un de mes élèves de CM2 de l'année dernière a réussi à se faire exclure définitivement du collège, après toute une série de bagarre, d'altercation avec les profs, de dégradation de matériels en tout genre... pas un tendre donc. Pourtant à part quelques geulantes, je n'ai jamais eu de gros soucis avec cet élève. Ni avec aucun autre. Tout simplement parce que je réussis à les gérer. Et c'est en ça que je suis veinarde. Mon histoire personnelle m'a armée pour faire face à ce genre d'élèves, à ce genre de situation. J'ai un feeling, des réflexes, des expériences, une vision des choses qui me permet de désamorcer les crises, de faire face sans jamais perdre la main, ni mon autorité. C'est en ça que je suis une veinarde, car rien n'est prévu dans note formation de prof quand à la gestion de ce genre de crise. On ne nous apprend pas comment faire avec un élève qui défit l'autorité, qui provoque, qui va jusqu'à la violence. Chaque prof se retrouve seul, avec ce qu'il pense savoir de l'autorité, les conceptions qu'il a de son rôle, de sa propre autorité, avec ce qu'il sait de la psychologie humaine, de la psychologie des enfants ou des ados, et souvent seul avec beaucoup de questions et peu de réponses.

C'est presque un don du ciel que de savoir faire face à ce genre de situations. Franchement, à côté de ces questions là, les barvardages de mes élèves sont une anecdotes, et je relativise. Je ne me plaindrais plus. Je chercherais des solutions à mes petits problèmes de gestion de classe, en gardant à l'esprit que ce sont des petits problèmes.

Et en compatissant avec tous mes collègues qui ont de bien plus gros soucis.

12 mars 2010

Génération

Catégorie: Le plus beau métier du monde

Quand j'étais gamine, durant mon année de CM2, mon maître avait une expression favorite, qu'il nous sortait à la moindre occasion... En fait, dès qu'on oubliait de préciser de quoi on parlait, il disait "Et c'est quoi? Des topinambours à pédales?"... Par exemple, on faisait un problème en maths, et au lieu de dire "ça fait 24 francs -et oui à l'époque c'était des francs! - ou "ça fait 24 cm", si on disait juste "ça fait 24"... aussi sec, avec son sourire en coin et l'oeil qui frise, il répondait de sa grosse voix éraillée: "Et c'est quoi? Des topinambours à pédales?".

A l'époque, il faut bien avouer que je n'avais aucune idée de ce qu'était un topinambour. Mes camarades non plus d'ailleurs. Mais personne n'avait jamais eu l'idée ni le courage de demander. Un jour quand même, avec une des mes bonnes copines, alors qu'une fois encore le maître vient de prononcer sa phrase favorite juste avant de sortir en récré, on se pose la question alors que tous les élèves de la classe sont presque sortis pour aller en récré. Restées toute seules dans la classe avec le maître, on se pousse du coude et on se décide à s'approcher du bureau. Faut dire que mon maître de CM2, un grand gaillard au cheveux gris, costaud, sérieux, avec une préstance incroyable, n'inspirait pas la peur mais la crainte. Comme on craint les gens importants, les gens brillants, dans un mélange de peur et d'admiration. Et là, pas très sûre d'avoir le droit de demander ce qu'on s'apprête à demander, on mêle nos deux voix et on se lance. "C'est quoi un topinambour à pédale?"...

Je me souviens du rire de mon maître. De son oeil encore plus amusé qu'à l'acoutumé. Il nous a alors expliqué que les topinambour était des sortes de pommes de terre, qu'il en avait mangé plein pendant la guerre quand il était jeune - je me souviens de ce détail qui avait l'air d'évoquer des souvenirs importants pour lui - et que donc un topinambour à pédale, c'était comme une pomme de terre à pédale: un objet riducule et inutile, juste histoire de nous montrer qu'il faut préciser de quoi on parle.

Sur le coup, avec ma copine, on s'est senti bêtes. Parce que bon, se rendre compte que depuis le début de l'année le maître nous parlait de patates à pédales et qu'on avait rien capté... la honte. Oui d'accord c'est sans doute parce qu'on était deux très bonnes élèves! Et puis après on s'est senti fières d'avoir osé demandé au maître. L'effort en vallait la peine. Aujourd'hui, si je sais ce qu'est un topinambour, c'est aussi grâce à lui.

Moi aussi, en classe, avec mes élèves, j'ai une expression préférée. La mienne, en grande téléphage que je suis c'est "Et la marmotte...", vous savez rapport à cette pub pour le chocolat d'une célèbre vache violette. Dans cette pub, une cliente raconte à sa caissière que pendant ses vacances dans les alpages elle a vu une fabrique de chocolat où des marmottes emballaient le chocolat dans du papier d'alu. La bonne femme raconte ça toute contente d'elle, la caissière a l'air de se dire que sa cliente est grave foldingue. La phrase clé de cette pub étant "Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu!".

L'autre matin, alors que je sors cette phrase pour la dix-miliardièmes fois au moins, une de mes élèves froncent les sourcils et demande de but en blanc: "Mais c'est quoi cette histoire de marmotte maîtresse, c'est avec le papier d'alu c'est ça?"...

Moi aussi j'ai eu un rire amusé. Comme mon maître l'avait eu. Mes élèves sont trop jeunes, ils n'ont jamais vu cette pub, ou ne s'en souviennent pas. Moi aussi j'ai expliqué. L'histoire de la pub, tout ça. Mes élèves ont paru tout aussi perplexes que nous l'avions été ma copine et moi, et puis ils ont intégré l'information. Maintenant, ils finissent la phrase quand je la prononce.

Le soir, repassant ma journée dans la tête, j'ai fait la corrélation entre les deux anecdotes. Il y a quelque chose d'imtemporel dans notre métier, certaines choses n'y changent pas. Il y a aussi quelque chose de bien ancré dans le moment, grâce à la personnalité de chaque maître et de chaque maîtresse. A son histoire, dans une société qui évolue.

Peut être qu'un jour un de mes élèves se souviendra que sa maîtresse de CM2 avait expliqué en riant avec des étoiles dans les yeux qu'elle aimait regarder la télé, qu'elle aimait les marmottes, et vaguement d'une histoire de pub. Tout comme je me souviens de ces étoiles dans les yeux de mon maître de CM2, cette étincelle brûlante de souvenirs douloureux, quand il nous a parlé de la guerre, et d'une histoire de topinambour.

Je précise que c'est cet homme qui bien plus tard, avec le recul et le regard de l'âge adulte, c'est lui qui m'a donné envie de faire ce métier, de faire de son métier... mon métier. Et où qu'il soit, je lui en suis extrêmement reconnaissante.

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