En vrac
Catégorie: Le plus beau métier du monde
Fin d'année sur les chapeaux de roues, même pas le temps de raconter tout ça. Pas la force non plus. Je suis tout simplement exténuée, et les divers tracas de la vie quotidienne d'une école rajoute à mon ras-le-bol chronique du mois de juin.
C'est officiel, Baloo s'en va. On s'entendait bien, sans plus. Ca ne me fait pas grand effet de la voir partir. Je redoute surtout de voir arriver deux autres collègues qui ne seraient pas à mon goût. Je dis deux autres car l'ouverture d'une troisième classe est définitivement enterrinée. Et d'ailleurs, il y a déjà eu attribution de l'un des deux postes. J'ai même rencontré la nouvelle collègue en question. Par deux fois. La première fois elle m'a fait une impression prodigieuse. Sans doute parce que c'était par un samedi après-midi ensoleillé et chaud. La deuxième fois, je suis redescendue de mon nuage. Sans doute parce que c'était par un mardi soir pluvieux, à la suite d'un conseil d'école expédié. Là elle m'a semblé assez guindée, très conventionnel, calme et organisée, une fille qui respire l'équilibre. Bien comme il faut quoi. Je suis allergique aux gens bien comme il faut. Tout simplement parce qu'ils me rappellent tout ce que je ne suis pas. Il va falloir voir ce que ça donne. Je ne peux pas me prononcer sur la suite des évènements. Il faut aussi attendre de voir qui va être nommé sur le dernier poste... sachant que c'est le poste de direction et que l'inspection m'a sous entendu que s'il s'agissait d'un T1 - un instit dont c'est la première année - la direction risque de me revenir en pleine figure. Le pied.
La mairie a aussi eu la très bonne idée de nous forcer la main pour qu'on postule au projet d'école numérique. J'ai de l'urticaire rien qu'à imaginer que ça puisse aboutir. Surtout que notre dossier vient d'être accepté. Je n'ai aucune envie de devoir subir une formation supplémentaire pour apprendre à me servir d'un tableau blanc intéractif qui ne me servira jamais ou très peu et de devoir supporter les enquêtes et les surveillances de l'académie quand à notre utilisation de ce matériel. Sans déconner, si les mairies et le ministère ont du fric à foutre en l'air - un tableau intéractif pour des mômes de primaire! - pourquoi ne pas acheter des livres, du matériel de sciences, d'art visuels, ou tout simplement des ordinateurs normaux, équipés des logiciels indispensables. Mais non, ils préfèrent nous fourguer des trucs farfelus, juste pour faire bien. Je ne veux pas dire que tout ceci sera inutile, je dis juste que le rapport investissement/utilité est tellement faible que c'en est grotesque.
La mairie a aussi mis en attente - voire jeter aux oubliettes? - notre demande de salle des maîtres. Les locaux sont disponibles, et nous avions juste à déplacer quelques cartons et à nous installer, mais pour une raison de gué-guerre de clochers, notre mairie a finalement fait marche arrière après nous avoir d'abord dit oui. Apparement, je n'étais pas au courant mais je fais partie d'une secte. La "secte des instituteurs" dixit monsieur le maire, qui ne veut pas de ça ici. Donc, exit l'idée de salle des maîtres pour le moment. Je croise les doigts pour que finalement ça tourne à notre avantage et que la mairie ait juste voulu faire les choses bien, en prenant le temps de repeindre les locaux et de nous installer correctement.
J'ai aussi une kermesse à préparer, une coppé qui a dépensé beaucoup et qui n'est pas sûre de remplir ses caisses avec cette kermesse qui s'annonce... enfin que je ne sens pas bien. Pourvu que je me trompe. Pour le moment, les fournisseurs nous font faux bond, les élèves ne vendent pas assez de tickets de tombola, les réservation pour notre repas de clôture sans quasi inexistantes, trop peu de parents volontaires pour ouvrir tous les stands... un fiasco en perspective. Mais je garde la foi, ou plutot je garde le cap. Parce que si je le fais pas, qui le fera? Réponse: personne.
Je ne parle pas des petites mesquineries des parents, remarques en tout genre, demandes farfelues, focalisation sur des soucis mineurs, menace de changement d'école, avec encore et toujours cette impression désagréable que nous sommes un service qui se consomme, qu'on peut exiger de nous comme des employés d'un hôtel, sans aucune considération pour le travail - énorme et multiple - que nous effectuons. Heureusement, il y a aussi les parents qui savent, qui nous soutiennent, qui sont volontaires, qui nous acompagnent et nous font confiance. Heureusement.
La seule vraie bonne nouvelle dans tout ce bordel - oui je sais le ton de ce post laisse totalement transparaître mon agacement du moment - c'est que l'année prochaine j'aurai un double niveau CM1/CM2. Vraiment là c'est le bonheur. Je vais enfin pouvoir m'éclater, d'autant plus qu'avec cette troisième année qui vient de s'écouler, j'ai l'impression d'avoir pris un sacré galon. Comme je dis souvent, mes 3 années d'ancienneté me semblent compter triple - rapport au triple niveau. J'ai les épaules larges désormais, et me retrouver avec une classe de grands va me premettre de pouvoir encore plus affuter mes méthodes pédagogiques, de pouvoir ordonner mon travail, moi qui ait tellement de mal avec l'ordre. J'envisage la suite avec un nouveau regard, fort plaisant, et je note toutes les idées pour pouvoir exploiter tout ça cet été.
Vivement cet été...