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Le tableau noir était vert!
30 septembre 2010

Next level

Catégorie: La vie de la maîtresse

Ma rentrée s'est bien passée, mon début d'année est sportif, le reste de l'année le sera sans doute aussi, mais beaucoup moins que ce que je craignais... quoi que, il est toujours temps que ça dégénère!

En fait j'ai une classe difficile, avec des élèves de CM2 qui sont loin d'être des lumières, et qui ont visiblement choisi option mollusque pour commencer leur année, et des élèves de CM1 qui sont plutôt doués mais parmi lesquels je compte des spécimens bien gratinés question discipline. En gros, je jongle entre des mous, des ahuris, des pénibles et des super pénibles. L'ambiance de classe? Disons que je les surveille comme le lait sur le feu. Je passe donc mes journées à visser, à rembarrer, à parlementer, à expliquer, à demander, une fois, deux fois, dix fois, et à punir, punir, punir, punir et punir, avec humour. Je dégaine les lignes plus vite que mon ombre, et même les mollusques ont l'air de commencer à comprendre que cette année va falloir filer droit. La maîtresse elle est cool, mais on lui fait pas.

Cette situation m'aurait totalement dépassée il y a quelques temps encore, mais étonnement je le vis très bien, je gère au jour le jour et j'y trouve mon compte. Je trouve même mes journées avec eux plutôt agréables! On avance mieux, faut dire que je prends le temps et que j'ai tout simplifié un max. Du coup les élèves s'y retrouvent aussi: ils semblent mieux engranger les connaissances, être moins perdus et moins passifs. J'ai mis l'accent sur les corrections, ce qui me permet également d'arriver à corriger tout leur travail dans les temps. J'arrive à percevoir les possibilités de chacun, même si elles ne sont pas énormes, pour chaque élèves j'entrevois une marge de progression.

Bref, pour l'instant dans ma classe c'est un vrai bonheur, un bonheur qui se gagne certes, un bonheur fragile que je surveille et que je cultive, mais un bonheur quand même. Là où ça craint du boudin, c'est avec mes collègues. Oh punaise...

Pour faire court, je suis coincée entre une cul-serrée qui se prend pour le caporal chef et un dépressif en perdition. Sid est totalement paumé avec ses élèves, il ne s'attendait pas à avoir des élèves en difficulté, visiblement il n'a été confronté jusque là qu'à l'archétype standard de l'élève moyen, voire du bon élève... sauf que là sa classe est gratinée. Et lui et ben... en fait je sais pas. Soit il est pas débrouillard, soit il est trop pessimiste et trop dur avec lui même... de loin ça donne surtout l'impression qu'il est pas doué! Il pose des questions bizarres, des trucs qu'il devrait savoir, ou savoir faire, même en étant débutant. Il a l'air totalement paumé! Difficile de l'aider, j'ai tenté de discuter un peu avec lui, mais il ne discute pas vraiment, et puis je ne peux pas tenir la classe à sa place! Du coup j'ai l'impression de le voir se tasser un peu plus chaque jour. Sans savoir jusqu'où ça va aller. J'ai essayé de lui faire comprendre que dans ce métier il fallait accepter de faire des concessions, qu'on devait composer avec les élèves et que souvent on ne peut pas aller au delà d'un certain point, que l'important c'est de faire de son mieux ce qu'il est possible de faire, d'être conscient que ce n'est pas suffisant, et d'améliorer au fur à mesure ce qu'on peut améliorer... mais je n'ai pas l'impression que le message passe. Il a des allures de Caliméro. Pfff...

Madame Mim elle, je vais finir par me la choper. Elle me porte tranquillement sur les nerfs, avec des idées à la con et une ligne de conduite qui pourrait s'intituler "amen monsieur l'inspecteur". Tout un programme. Elle s'imagine avoir je ne sais quel pouvoir sous prétexte qu'elle occupe le poste de direction, se comporte en petit chefaillon qui tournicote dans sa guérite. J'ai qu'une envie: dynamiter la guérite. Avec elle dedans. Je pense que je vais plutôt opter pour le mépris, c'est une arme tout aussi efficace. Autant vous dire que les récrés sont passionantes, excitantes, divertissantes... Imaginez-donc: vagues commentaires sur les enfants que l'on surveille, vagues commentaire sur ce qui s'est passé en classe... Vague propos à la fois politiquement corrects et poliments neutres. Vague rien quoi. Je risque pas de mourir de rire cette année. Et le pire, c'est qu'ils envisagent de rester tous les deux l'année prochaine. Mais j'ai offensé le dieu de l'éducation nationale dans une vie antérieure ou quoi???

Enfin bref, l'important étant quand même mes élèves, je m'en sors pas mal, et j'ai l'impression que cette année va être sympa. J'ai l'impression d'y avoir plein de challenge, plein de possibilité avec eux. Le reste, je m'en cogne, comme on dit: ça me passera avant que ça me reprenne!

Et quand j'y réfléchis je me dis que sans doute ce qui change cette année, c'est bien cette confiance toute nouvelle, celle qui est nécessaire je pense pour avancer sereinement avec ses élèves, celle qui permet de tenir tête à certains parents, d'en rassurer d'autres, celle qui permet de ne pas être désarçonner face aux difficultés des élèves, à leurs besoins, à leurs attentes, celle qui me dit que je suis une bonne enseignante, tout simplement. Je me souviens de cette image que j'avais choisi pour illustrer le choc du métier, à l'époque où déjà je sentais le bénéfice inimaginable de l'expérience dans notre métier. Aujourd'hui où je n'ai quasiment rien préparé avant la rentrée, où j'attends les vacances de la Toussaints pour pondre quelques programmations, je réalise que l'une des meilleures sangles qui soient, celles qui vous vissent à votre siège de maîtresse et empêche quiconque ou quoi que ce soit de vous expédier dans les cordes, ko et dégoûté, c'est encore la confiance. Celle que vous avez en vous et en vos qualité de profs.

Celle que j'ai en moi. Pourvu que ça dure.

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Commentaires
C
Je viens de passer sur tes blogs. Je suis ravie de te voir de revoir avec (presque) que des bonnes choses.
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